Cette fiction retrace la vie de Kuroigetsu, mon personnage, dans son existence de "base". Il en a en effet plusieurs en parallèle, comme celle de MineB.U. par exemple.
Les chapitres seront publiés de manière irrégulière, car je les écris quand je n'ai pas grand chose d'autre à faire; ce qui arrive trop peu souvent.
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre Premier
- Nous sommes réunis ici ce soir, mes Frères de Sang, pour célébrer l’ascension d’un nouveau membre au sein de notre Confrérie. Commença le Grand Maître Oshoku. A ses côtés se tenaient Hakai et Kyokkai, Maîtres de leur état et craint à la fois par leurs ennemis, mais également par leurs alliés. Directement à leurs côtés d’autres Frères étaient disposés selon leur rang, tandis que le reste de la Confrérie était assisse sur des bancs, qui occupaient presque tout l’espace tout en laissant la rangée centrale et une petite zone au-devant du piédestal du Grand Maître libres. La salle ressemblait beaucoup à une chapelle, à la seule différence que le dieu qui y était prié ici était la Mort, et que les croyants en étaient les messagers. Agenouillé au-devant du Grand Maître et des plus éminents représentants de la Confrérie, une silhouette gardait la tête inclinée vers le bas en signe de respect et d’humilité.
- En ce jour, toi, misérable mortel, tu te vois accordé le privilège de donner ta vie pour la Mort. Tu t’élèves au-delà de toutes nos recrues de par tes compétences. Es-tu prêt à tout donner pour notre cause ? Es-tu prêt à tuer sans ressentir ces choses pathétiques et handicapantes que sont les émotions ? Es-tu prêt à accepter que la vérité n’existe pas et que le mensonge est en fait ce qui se rapproche le plus de la vérité ? Es-tu prêt, enfin, à devenir un Hitogoroshi ?
Le concerné se releva lentement. Il portait une tenue d’apprenti Hitogoroshi, dépourvue de tout fourreau pour une éventuelle arme, et composée d’un pantalon souple, de bottes rigides conçues pour pouvoir y cacher des couteaux de lancer, d’un gilet aux boutons gris métalliques qui dévoilait sa gorge et descendait en V, de protections d’arrière-bras rigides renforcés par une structure métallique, et des brassards avec de fines lamelles de métal décoratives appliquées dessus. Tous ces éléments étaient en cuir noir, et complétés par une capuche souple mais néanmoins renforcée par une structure métallique. Elle permettait à son porteur de voir sans être vu. Cette dernière était baissée lors de la cérémonie d’acceptation au sein des Hitogoroshi.
Levant les yeux vers le Grand Maître pour la première fois, l’apprenti répondit distinctement, comme on le lui avait appris :
- Puisse la noirceur des Hitogoroshi me montrer le chemin.
- Dans ce cas, ton souhait sera exaucé. Bienvenue parmi nous… Frère Kuroigetsu Tokumei.
Kuroigetsu sentit son nom résonner dans toute la salle avec un mélange de plaisir et de peur. Il était désormais ce qu’il avait toujours voulu être – ce qu’on avait toujours souhaité qu’il soit. Un Hitogoroshi, un tueur expert dont la seule évocation inspire l’effroi, un humain considéré comme un être presque encore plus abject que les monstres qui hantaient le pays, un véritable messager de la Mort qui n’avait pas de cibles – car une cible peut être manquée -, seulement des victimes en attente.
Pourtant, il était un Hitogoroshi « blanc », n’ayant encore tué personne. Ce statut ne durait jamais très longtemps, car les demandes d’assassinat étaient extrêmement fréquentes en ces temps-là. Les Hitogoroshi proposaient toujours leurs services pour un prix exorbitant, qu’ils ne fixaient qu’une fois le statut social du client identifié et le temps que la mission nécessitera appris. Il y avait dans le fond deux victimes : la victime en attente, et le porte-monnaie du client. Bien sûr, l’organisation de la Confrérie n’était en général pas un secret pour les gens à peu près informés, qui savaient très bien qu’un Novice n’avait pas les mêmes compétences qu’un Maître ou qu’un Guerrier. Dans tous les cas, le Frère devait reverser un certain pourcentage de ses gains à la Confrérie, en fonction là aussi de son rang.
Kuroigetsu ne souhaitait pas commencer sa carrière avec une victime facile, et en empochant à peine quelques pépites d’or. Il se tenait beaucoup au courant de ce qui se passait à l’extérieur de la Forteresse via ses Frères – vu que les Apprentis n’ont pas le droit de la quitter avant d’avoir atteint le rang de Novice -, qui discutaient souvent des contrats qu’ils comptaient exécuter un jour ou l’autre. Et il en avait trouvé un qui l’intéressait particulièrement. Il était désormais devant la porte du bureau de Maître Kyokkai, qui avait pour tâche de guider les Novices dans leurs contrats au moins jusqu’à ce qu’ils atteignent le rang de Combattant. Dès qu’ils atteignaient ce grade, les Hitogoroshi choisissaient et exécutaient leurs contrats de leur propre chef, en le signalant à peine en apposant leur sceau sur le Tableau de la Mort. En général, il fallait que le Novice fasse une dizaine de contrats sous-payés et parfois grotesques pour être en mesure de monter en grade. Mais Kuroigetsu pensait – et même savait ! – que le contrat qu’il avait choisi serait celui qui le distinguerait des autres recrues. Il prit son courage à deux mains, inspira un grand coup, puis frappa trois coups rapides à la porte du Maître.
- Entrez.
Le jeune Novice s’exécuta, et pénétra dans un bureau d’apparence luxueuse, tapissé de peaux de bêtes et de magnifiques ouvrages de tisserands étrangers. Aucun centimètre carré n’était pas recouvert. Kuroigetsu se demanda même s’il n’y avait pas plusieurs couches de tapis, tant il ne sentait qu’eux sous ses bottes. Les murs en pierre étaient quant à eux visibles, même si le nombre impressionnant de notes et de feuilles accrochées à de larges panneaux occupait une grande partie de ces derniers.
- Aaaaah. C’est le jeune Kuroigetsu ! Approche, je te prie, approche.
Là encore, le Novice s’exécuta, fixant la lame secrète du Maître, qui reposait sur un socle richement décoré et exposée sur son bureau.
- Tu n’as pas perdu de temps. Il ne s’est passé que quelques heures depuis que tu es devenu Novice, et te voilà déjà dans mon bureau !
- Oui, Maître. Je tiens à honorer mon rôle, et le plus tôt sera le mieux, dit Kuroigetsu en s’inclinant légèrement.
- Bien, bien… Mais ne va pas trop vite en besogne, Novice, répondit quelque peu froidement Kyokkai. Brûler les étapes finira par te brûler les ailes… ajouta-t’il d’un air carnassier.
- Je comprends, Maître. J’ai cependant déjà repéré un contrat potentiel que je me ferais une joie d’accomplir.
- Je vois… Et quel est le contrat que tu as choisi ?
- Il s’agit de l’élimination d’un homme qui serait un ami des créatures en provenance de la Fin des Temps. Il…
- Des Endermen en somme, le coupa Kyokkai.
- Oui… des Endermen. Le contrat peut sembler ridicule et peu fiable, mais le demandeur est prêt à payer trente lingots d’or et est prêt à augmenter le prix si nous en faisons la demande, ajouta Kuroigetsu.
- J’aurais une simple question pour toi, Novice.
- Oui, Maître ?
- Que penses-tu du mort en attente ?
- Eh bien, il semblerait qu’il soit en contact avec ces créatures par un moyen inconnu, et qu’il…
Il ne vit même pas Kyokkai bouger. En une seconde, Kuroigetsu s’était pris une gifle qui l’avait envoyé au tapis… à tous les sens du terme. Heureusement que ce tapis est mou.
- Tu n’as donc pas compris, malgré ton entraînement à la maîtrise du langage ? Réfléchis-y un petit peu, Novice… Un homme est prêt à en faire tuer un autre – déjà, c’est qu’il y a eu quelque chose de louche entre ces deux-là. Le client est prêt à augmenter la somme pour acheter notre silence et pour que nous prouvions – en maquillant la scène du crime – qu’il a été tué pour la bonne cause, car il pactisait avec des choses hostiles. Je te laisse faire la suite du raisonnement…
- Le client veut éliminer la cible suite à un différent mais sait que d’autres personnes le soupçonnerait alors, termina Kuroigetsu, qui s’était entre temps relevé. Je suis désolé pour cette erreur de compréhension venant de moi, Maître.
- Tu peux l’être… tu seras accompagné par un de tes Frères lorsque tu devras récupérer l’argent, pour m’assurer que tu ne te fasses pas avoir. Quant au mode opératoire, je te laisse carte blanche… si tu dois mourir en cours de mission, alors tu n’étais pas digne de rejoindre les Hitogoroshi et ta perte ne nous affligera pas. Suis-je bien clair ?
- Limpide, Maître.
- Alors qu’il en soit ainsi. Je veux avoir les résultats avant la fin de la semaine.
- Maître, je ferais ce qui est en mon pouvoir pour en avoir terminé demain.
- Cette arrogance de la jeunesse… j’espère bien que tu la perdras, Novice. Ou elle te perdra.
Kuroigetsu se renfrogna, mais s’inclina tout de même. Il sortit de la salle, silencieux comme un Creeper.
*
* *
L’homme se retourna subitement, persuadé d’être suivi. La seule chose qu’il vit fut la rue, bondée de monde en journée, mais vide à cette heure-là de la soirée. Mal à l’aise au début, il reprit ensuite sa route en riant intérieurement de sa réaction. Qui voudrait le suivre ? Il n’avait rien d’intéressant, aucun objet de valeur sur lui, aucun statut social particulier… c’est ce qui poussait Kuroigetsu à se demander si cet homme méritait vraiment de mourir. Ce dernier le suivait bel et bien depuis les toits en utilisant les méthodes de déplacements furtifs qu’on lui avait enseignés pendant dix-sept ans, mais malgré son respect rigoureux de ces dernières, un lampion mal placé avait déplacé son ombre dans le champ de vision de la cible, ce qui l’avait rendu suspicieux. Heureusement, l’homme se dirigeait à présent vers son logis, persuadé qu’il ne craignait rien. Le Novice continua sa filature silencieuse, jusqu’à ce que l’homme arrive sur une place publique ouverte, et sans toits pour continuer. Tout en restant silencieux et en gardant un œil sur les mouvements de l’homme, Kuroigetsu descendit de son toit et se déplaça sur la place en faisant bien attention à toujours être à proximité d’un groupe de personnes. L’heure n’arrangeait pas ses affaires, puisque très peu de monde était alors présent. La traversée de la place se fit sans incident, rapprochant de plus en plus la cible de son logis – et de sa mort. C’est à ce moment-là que l’Hitogoroshi commit une erreur fatale : il se relâcha et marcha un peu trop vite sur du gravier. L’instant d’après, ses yeux avaient croisés ceux de l’homme, qui regardait son Ninjato et sa tenue en tremblant. Merde. Si les instructeurs m’avaient vu faire, je serais sûrement déjà mort.
- Qui… qui êtes-vous ? Pourquoi me suivez-vous !
- …
- Non… il ne vous a pas engagé pour me tuer… non !
- J’ai été payé pour vous plonger dans les ténèbres, pas pour taper la causette, lança Kuroigetsu d’un ton nonchalant et cassant. Le ton des perdants qui essayent de s’en sortir avec honneur.
A la surprise du Novice, l’homme ne rameuta pas la garde. En fait, il ne cria même pas ; il se contenta de prendre la fuite en direction de son logis à une telle vitesse qu’il en respirait comme un buffle. Il me facilite la tâche. Ils sont aussi idiots que cela ? A quoi sert ma formation si c’est aussi facile ? L’Hitogoroshi préféra couper par les toits, et au terme d’une poursuite de quelques secondes, il se retrouva perché sur le toit du logis de sa victime, caché par l’ombre d’un grand arbre. Quelques secondes plus tard, l’homme arriva à son tour, essoufflé ; il se retourna alors pour voir si l’homme qui menaçait sa vie était toujours derrière lui, et parut satisfait de ne voir personne. Il s’essuya le front, puis commença à marcher d’un pas incertain vers son logis. Quelque chose n’allait pas. Y’avait-il toujours eu une gargouille sur son toit ? Il n’eut pas le temps de pousser la réflexion trop loin : Kuroigetsu fondit sur lui comme un aigle fond sur sa proie. Une fois l’homme à terre, il déploya sa lame secrète et la planta dans la gorge de la victime, puis il la retira pour laisser le sang se répandre sur les pavés. Kuroigetsu se releva, s’assurant de ne pas avoir été tâché de vermeil, puis il relâcha sa concentration. Chez un humain normal, cela signifierait cesser de faire attention au monde alentour, mais pour le jeune Hitogoroshi, cela avait une toute autre signification. Ses yeux se teintèrent d’un violet que n’importe qui dans l’Empire détestait plus que tout au monde : le violet des yeux des Endermen.
- Sais-tu quoi que ce soit au sujet des Endermen ? demanda-t’il d’un ton violent.
- N… Non… pitié… appelez… secou…
- Tu n’as jamais rien fait de mal dans ta vie ?
- Pi…tié…
- Alors ta mort aura été vaine. Gomeifuku wo inorimasu (repose en paix) quand même.
Kuroigetsu invoqua quelques particules violettes qu’il fit s’écraser tout autour du mourant, avant de déposer une Perle de l’End au sol. Cela permettrait de faire croire qu’il avait été tué par un Enderman. Pour compléter le tout, il sortit une griffe métallique de sa besace pour imiter des coups portés par les créatures. Quand Kuroigetsu eut fini de mettre en place la sinistre mise en scène, l’homme avait expiré. Il se sentait coupable d’avoir tué un innocent, qui n’avait rien à se reprocher que ce soit en termes de crimes humains ou de liaisons avec les monstres.
- Oh, tu vas pleurer peut-être ?- La ferme.
- Eh eh eh… quel dommage qu’il ne sache rien sur mon espèce, il aurait pu te donner tellement de renseignements… continua la voix en faisant traîner le « tellement ».
Kuroigetsu ne répondit pas à la provocation de l’Enderman qui parasitait son esprit. C’était inutile.
L’Hitogoroshi observait celui qui avait ordonné le meurtre de sa victime depuis une bonne dizaine de minutes, dans l’ombre. Ce dernier semblait mal à l’aise, et n’était visiblement pas le genre à poser ce genre de requête souvent. Dégoûté parce qu’il venait de faire, l’Hitogoroshi apparut brusquement devant l’homme, ravi de voir que ce dernier poussa un cri de stupeur. Mes maîtres me tueraient pour ça.
- Vous… le contrat…
- Rempli. Nous avions donc dit quarante lingots d’or.
- Dans mes souvenirs, c’était trente…
- Vous me prenez pour un tueur sans foi ni loi, n’est-ce-pas ? Eh bien, raté. J’ai horreur de tuer des innocents, tout cela à cause d’une querelle ridicule qui a été mal prise par le type de personne suffisante comme vous.
- Vous… vous ne savez rien de mes raisons ! En plus, j’ai fait appel à vous pour ne pas avoir à me justi…
L’homme ne continua pas sa phrase, il préféra fixer son attention sur le ninjato qui menaçait de trancher sa gorge.
- Quarante lingots, et la querelle est enterrée. Un refus, et vous rejoignez l’homme que j’ai dû tuer pour vous.
- Il suffit, Novice ! s’exclama l’Hitogoroshi chargé de surveiller la transaction. Un Hitogoroshi ne s’attaque jamais au client et n’expose pas son point de vue ! Tu as enfreint deux des lois les plus importantes de notre Ordre, et pour cela…
Même un Hitogoroshi ne pouvait esquiver un couteau de lancer s’il était pris par surprise. Le Frère de Sang s’écroula, touché à l’œil. Le client poussa un bref cri de surprise, qui fut interrompu par le fer du ninjato de Kuroigetsu. Laissant le cadavre s’écrouler à ses pieds, le jeune Novice arracha la bourse d’un air dégoûté, puis il prit l’arme de son Frère mort pour la tâcher du sang du client. Si on me demande, j’ai dû le tuer car il menaçait le client et qu’il enfreignait les règles.
- Et dire que tu oses te morfondre quand quelqu’un est victime d’une injustice…- La ferme. Tout ce qui se met en travers de mon chemin mourra, et je ne ferais aucune distinction.
- Eh eh eh… j’ai hâte de voir arriver le jour où tu devras t’affronter toi-même.Kuroigetsu ne répondit pas. C’était inutile.