Il fut un temps meilleur.

Il fut un temps, ou notre terre n’avait pas à subir les crimes de ses enfants. Un temps ou ses fils ne se massacraient pas les uns les autres pour la moindre portion d’elle.

Un temps, ou elle pouvait se targuer de voir la nature, et les hommes, prospérer, les champs être cultivés, les villes se bâtir et les enfants naître.

Un temps où elle savait pouvoir offrir à ces nouveau-nés l’avenir qu’ils méritaient.

Ilapsio, 24 Mars de l’an 408 Après l’Arrivée

Le vieux stratège Declan Irax marchait parmi les décombres de ce qui avait autrefois été le manoir d’une puissante famille. Plus rien ne restait aujourd’hui, que les fondations, quelques murs, et la carcasse d’une majestueuse cheminée de pierre.

L’homme enjamba un muret, pour sortir dans la rue adjacente, et tourna la tête. Dans les rues environnantes, il pouvait voir les troupes des Hérauts du Chaos qu’il commandait donner la charge, au son du tambour et des cris de guerre.

La clameur s’éloigna, et il leva la tête vers le ciel nocturne, d’ordinaire déjà bien noir dans cette partie de Para-Nui, aujourd’hui assombri par les colonnes de fumées, seuls indices, avec le rayonnement des flammes, des immenses incendies qui s’étaient déclaré dans les quartiers Ouest et Nord de la ville. Où le feu avait-il trouvé quelque reste de matériaux combustibles restait un mystère pour Declan.

Tout ce que lui parvenait à voir, c’était les maisons en ruines, les fontaines desquelles plus aucune eau n’avait coulé depuis des décennies, et les bâtiments, dévastés par les années de guerre, et par les vingt et une prises et reprises, en tout point semblables à celle-ci, qui s’étaient succédées, d’abord pendant la Guerre des Guildes, ensuite pendant les massacres de l’Overlord, et, enfin, sous les coups répétés des Elus de la Lumière et des Hérauts du Chaos qui s’étaient entretués sans relâche pour contrôler la ville, peu en importe les conséquences. Peu en importe le prix.


Elle qui, autrefois, rayonnait d’activité, m’était plus qu’un champ de bataille usé, vidé de toute sa valeur, mais sur lequel on continuait de s’entretuer.


Au loin, des cris retentirent, quand une escouade de soldats du Chaos débusqua un groupe d’Elus de la Lumière dans une maison.

Le vieux chef de guerre contourna le cratère d’une explosion de TNT, vieille de près de vingt-ans. Et continua dans la rue. A cent mètres de lui, il vit un groupe de civils sortir d’une maison à laquelle il manquait le toit, et tout un pan du mur nord. Les hommes portaient leurs enfants dans les bras. Les petits, maigres à en voir les os sous la peau pleuraient à chaudes larmes. Deux adolescents regardaient autour d’eux, apeurés. Et l’aperçurent, lui et le groupe de soldats qui l’escortaient dans ces coupes gorges.

Lorsqu’ils se rendirent compte de leur présence, les enfants hurlèrent de peur. Les adultes, paniqués, commencèrent à pousser leurs petits dans toutes les directions, une femme et un homme accompagnant chaque groupe, tandis qu’ils s’enfuyaient dans des directions différentes. Declan les regarda faire en admirant, bien malgré lui, l’habitude et le pragmatisme morbide que trahissait ce comportement. Malgré tout ce qu’il aurait voulu, depuis le début de la Guerre, les vols, les viols et les massacres étaient devenus monnaie courante. Séparés, ni ses troupes, ni celles du Général Lumineux qui commandaient l’armée adverse ne pourraient plus les poursuivre tous, quand bien même ils l’auraient voulu. Quelques-uns au moins survivraient.

D’un geste du bras, Declan arrêta un de ses gardes du corps, qui levait son arc, et regarda vers les civils qui s’éloignaient sans demander leur reste.

Qu’auraient-ils dits ?

« Eux ne peuvent rien nous faire, se justifia-t-il. »

Repartant vers son objectif, il jeta un regard au petit groupe qui l’accompagnait. A ses cotés se trouvaient trois de ses petits-cousins, qui assuraient sa protection rapprochée. Il pouvait les voir scruter de tous côtés, recherchant le moindre danger.

Répartis sur les mètres carrés entourant ces quatre personnes se trouvaient une dizaine de soldats, généreusement prêtés par la famille Obsidius pour les escorter dans ces montagnes de ruines. Le plus jeune devait avoir dans les 18 ans. Declan s’était laissé entendre que ses frères l’emmenaient faire son baptême du feu.

Que dirait-il, lui ?

D’un signe de la main, le vieil octogénaire indiqua à ses gardes qu’ils repartaient. Ils continuèrent jusqu’au bout de la rue. Là, ils tournèrent dans une rue annexe, pour enfin émerger sur une grande place. Declan s’arrêta, et admira son objectif. Devant lui, a l’autre bout de la place se dressait la silhouette d’un vieux temple. Seul le clocher tenait encore debout, en raison de l’utilité tactique que les officiers et les archers des deux camps lui avaient trouvé.

Le petit groupe traversa la place en marchant au pas. Arrivé à la double porte massive, Declan Irax s’arrêta de nouveau, et caressa du bout des doigts le bois, rongé par les années. Il se souvenait de ce temple. Lui et son père venaient souvent pour y prier, avant la Guerre. Ils s’asseyaient sur un banc, et se recueillaient en silence, demandant aux Toas de les éclairer dans leur choix. Il avait l’impression que tout cela était dans une autre vie. Un autre Declan. Un qui ne connaissait pas encore la guerre. Un qui n’avait pas passé toute sa vie d’adulte sur les champs de batailles, et dans les quartiers généraux, à planifier les mouvements d’hommes et de femmes, des soldats dont il savait que certains ne reviendraient jamais.

Il donna un ordre bref. Au son de sa voix, trois soldats se précipitèrent pour ouvrir la porte, et s’engouffrèrent à l’intérieur. Declan et ses cousins pénétrèrent dans le temple, suivis de la moitié des soldats restants. Celui-ci resta la, dans l’allée. Tandis que ses hommes sécurisaient le bâtiment, il leva la tête vers les statues des idoles en lesquels il croyait autre fois. Que pensaient-ils de lui, de là où ils étaient ? Que diraient-ils, s’ils pouvaient lui parler ?


Son cousin s’approcha de lui, et lui souffla un simple mot. Declan le regarda par-dessus son épaule, puis, jetant un dernier regard à Tahu, le Toa du Feu et saint-patron des soldats, il se retourna et s’orienta vers l’escalier, au fond de la salle.

Le vieil homme monta les marches lentement, ses cousins derrière lui. Il observa les traces des différentes réparations appliquées par les soldats qui s’étaient succédé là au cours des ans.

Enfin, il arriva en haut. Enjambant un tas de briques, il s’approcha du rebord, et observa la vue qui s’offrait à lui.

Là, sur des kilomètres, il scruta les bâtiments, les rues, les places. D’où il était, il pouvait voir d’un seul coup d’œil toute l’étendue de la ville. Et tous les dégâts qu’elle avait subis. Il voyait les bâtiments en ruines, les quartiers entiers effondrés. Il voyait le canal de la rivière Prime bouché par les débris, et l’eau du fleuve qui débordait, et se creusait un chemin à travers les rues les plus basses. Il voyait les rares bidonvilles, construits à la va-vite dans les décombres. Il aperçut un groupe de civils qui couraient. Rares étaient les gens qui vivaient encore dans cette ville, ou a Sigma, qui était dans un état aussi pitoyable. La très grande majorité des habitants vivaient désormais dans le Rakuen ou le Makai. D’autres, bien moins nombreux, avaient quitté les villes pour s’installer dans des petits villages isolés, occupés à tenter de vivre leur vie malgré la guerre et à échapper aux compagnies de soldats des deux camps qui voudraient les enrôler de force. Les derniers qui vivaient encore ici étaient des sans-camps, des marginaux qui croyaient toujours en l’espoir d’un monde sans guerre, d’une paix que la plupart d’entre eux n’avaient même jamais connue. D’une paix que Para-Nui elle-même n’avait plus connue depuis près de soixante ans.


Que diraient-ils ? Oh oui, que diraient-ils, s’ils savaient ?


Au nord, il voyait le camp des Elus de la Lumière, et les compagnies de soldats qui fonçaient dans la ville.


Ceux-là, que diraient-ils ?

Soupirant a l’idée de tous ceux qui avaient déjà du mourir, et a l’idée de tous ceux qui mourraient encore avant, il se retourna, pour voir ses trois cousins qui l’attendaient, chacun d’un côté du clocher, qui étaient, eux, dans la confidence. Avant de partir, il se pencha une dernière fois par le rebord.


Il regarda les soldats de la famille Obsidius qui s’étaient déployés en bas, pour assurer sa sécurité.


Et eux ? Que diraient-ils ?


Que diraient-ils, s’ils savaient que lui, le responsable qui avait conçu toute cette attaque, était un traitre complotant pour renverser Maelström ?

LIRE TOUT SA !!!
Bon bah je vais essayer...

Arrête, c'est pas si dur!
Franchement, c'est magnifique, et la fin était superbe.

Bien écris, il y a là une histoire bien pensée.

Après il faut entrer dans le trip, c'est une autre histoire, elle se constuit collectivement avec le temps ?!

Minecraft ne m'attirais pas spécialement, je me suis mis à l'apprécier, le jeu en multi m'a historiquement laissé des blessures profondes, comme toute aventure humaine, bah j'espère le meilleure pour celle-ci...

Qui vivra, vivra

C'est quand même MOI qui t'ai OBLIGE à jouer à MINECRAFT donc tout sa c'est un peu grâce à moi